Les douleurs représentent deux tiers des motifs de consultations chez le médecin. En effet 30% des Français souffrent de douleurs chroniques. Les thérapeutes en santé alternative sont également souvent sollicités pour ces plaintes.
Corriger le terrain : une nécessité
L’inflammation est un processus physiologique indispensable à l’organisme jouant deux rôles majeurs : initier la cicatrisation après une blessure et mobiliser le système immunitaire contre les intrus (bactéries, virus, champignons ou autres éléments étrangers). Cependant, lorsque l’inflammation est chronique, elle devient néfaste.
Une inflammation de bas grade, c’est-à-dire imperceptible et silencieuse, peut mener au développement de diverses maladies qui elles, produiront de l’inflammation aigüe…
Les causes de cette hausse de l’inflammation sont très nombreuses. Agir sur le terrain pour le rendre moins propice à l’inflammation est essentiel. Il faut donc modifier certains facteurs en amont, puis, si nécessaire, utiliser des substances anti-inflammatoires puissantes
La douleur, quant à elle, est un signal d’alerte différent de l’inflammation. Les mécanismes physiologiques ne sont pas les mêmes et il ne faut pas les confondre.
Il existe plusieurs types de douleurs :
➜ Inflammatoires (ex : douleurs articulaires) ;
➜ Neuropathiques : nerfs lésés (ex : sciatique, neuropathies diabétiques) ;
➜ Mixtes (ex : lombosciatiques, douleurs associées au cancer) ;
➜ Nociplastiques : altération de la perception de la douleur (ex : fibromyalgie).
La micronutrition permet d’agir sur le terrain, sur l’inflammation aiguë, et sur la perception de la douleur.
Zoom Oméga-3
Les oméga-6 et les oméga-3 ne sont en aucun cas synthétisés par l’organisme et doivent être apportés par l’alimentation. Ils peuvent seulement être modifiés (désaturés et allongés) si ce sont des formes précurseurs. De nombreuses molécules impliquées dans l’inflammation sont produites à partir de ces acides gras essentiels : l’acide arachidonique, oméga-6 à longue chaîne, est le précurseur de la prostaglandine de série 2 et d’autres molécules pro-inflammatoires ; tandis que l’EPA, oméga-3 à 20 carbones, antagoniste de l’acide arachidonique, est le précurseur de molécules anti-inflammatoires comme la prostaglandine de série 3 et les résolvines ; et enfin le DHA, oméga-3 à 22 carbones, est le précurseur de diverses molécules qui stoppent l’inflammation comme les résolvines, protectines et marésines. Etant donné que l’apport de ces acides gras, ainsi que leur équilibre, dépend exclusivement de l’alimentation, il faut y prêter une attention toute particulière. Un apport adéquat et équilibré en oméga-3 et oméga-6 est donc crucial, et les compléments d’oméga-3 à longue chaîne (EPA et DHA) peuvent être utiles.
Vitamine D
La vitamine D est bien connue pour son rôle dans l’absorption du calcium (et du phosphore) par l’intestin, mais elle a bien d’autres effets. Elle est, entre autres, anti-inflammatoire !
Une controverse existe quant à savoir si la vitamine D réduit l’inflammation ou si l’inflammation diminue les concentrations de vitamine D (via le stress oxydatif qui augmente son catabolisme hépatique).¹ Il existe en réalité des études qui appuient les deux hypothèses, donc les deux interactions.
Elle modifie la réponse immunitaire (passage de la réponse Th1/Th17 au profil Th2/Treg), en réduisant la production de molécules pro-inflammatoires (TNF-a, interféron gamma, lL-2, IL-12, IL- 17, IL-21) et augmentant les cytokines anti-inflammatoires telles que l’IL-10.
Des études montrent que la supplémentation en vitamine D peut diminuer l’inflammation et la douleur. Par exemple chez des enfants en surpoids et obèses, elle diminue la CRP (marqueur de l’inflammation) et maintient de bonnes valeurs d’IL-10 anti-inflammatoire.² Chez des femmes atteintes d’endométriose, la supplémentation en vitamine D augmente la capacité antioxydante et diminue les douleurs pelviennes et la CRP ultrasensible.³
Une méta-analyse incluant 19 études contrôlées randomisées et un total 3436 participants a conclu à une diminution plus importante du score de douleur avec la supplémentation en vitamine D par rapport au placebo chez les personnes souffrant de douleur chronique.⁴
Équilibre acido-basique
Très populaire il y a une quinzaine d’année, on entend moins parler de l’équilibre acido-basique de nos jours. Pourtant, il est d’une importance capitale dans la lutte contre les maladies et l’inflammation.
Une alimentation acidifiante est pro-inflammatoire et est associée à une augmentation des douleurs musculo-squelettiques. Une diminution locale de pH est captée par des neurones sensoriels associés aux fibres qui innervent la peau, les muscles et d’autres tissus, grâce aux ASIC (acid sensing ionchannels). Ce sont des canaux ioniques qui, sous l’influence des ions acides, vont déclencher une entrée de sodium dans les neurones et ainsi permettre la formation de potentiel d’action et d’aboutir au signal de douleur.
Corriger l’alimentation est toujours le point de départ le plus important. La difficulté est qu’il faut réduire les protéines, ce qui est parfois un problème pour les individus souffrant à la fois de faiblesse et d’inflammation. La complémentation peut alors être une solution pour améliorer l’équilibre acido-basique. Un traitement par des sels minéraux alcalinisants à base de citrates permet d’améliorer efficacement les symptômes d’arthrose des mains et de lombalgie chronique.⁵ ⁶
Barrière intestinale
L’intestin joue un rôle de filtre crucial pour l’organisme. Une dysfonction de la barrière intestinale est une source d’inflammation. En effet, si l’intestin devient hyperperméable (généralement en conséquence d’une dysbiose), il laisse passer certains éléments étrangers dans le courant sanguin.
C’est ainsi que des débris de la paroi de bactéries, les lipopolysaccharides ou LPS, pénètrent l’organisme et activent une cascade inflammatoire. Par exemple, des taux élevés de LPS dans le sang sont statistiquement corrélés à la gravité des anomalies structurelles et des symptômes de l’arthrose du genou !⁷ Corriger l’alimentation avec moins de sucres et de graisses saturées, mettre en place certaines évictions (aliments pro inflammatoires ) et des compléments ciblés (glutamine, curcumine…) peuvent rétablir l’étanchéité de la paroi intestinale et donc diminuer l’inflammation et les douleurs.
Karine SIGNES
Naturopathe - Spécialisée en Phytothérapie - Micronutrition - Médecine Traditionnelle Chinoise (énergétique) - Auteure
Références
¹Cannell JJ, Grant WB, Holick MF. Vitamin D and inflammation. Dermatoendocrinol. 2015 Jan 29;6(1):e983401.
²Krajewska M, Witkowska-Sędek E, Rumińska M, Stelmaszczyk-Emmel A, Sobol M, Majcher A, Pyrżak B. Vitamin D Effects on Selected Anti-Inflammatory and Pro-Inflammatory Markers of Obesity-Related Chronic Inflammation. Front Endocrinol (Lausanne). 2022 Jun 13;13:920340.
³Mehdizadehkashi A, Rokhgireh S, Tahermanesh K, Eslahi N, Minaeian S, Samimi M. The effect of vitamin D supplementation on clinical symptoms and metabolic profiles in patients with endometriosis. Gynecol Endocrinol. 2021 Jul;37(7):640-645.
⁴Wu Z, Malihi Z, Stewart AW, Lawes CM, Scragg R. Effect of Vitamin D Supplementation on Pain: A Systematic Review and Meta-analysis. Pain Physician. 2016 Sep-Oct;19(7):415-27.
⁵van Velden DP, Reuter H, Kidd M, Müller FO. Non-allopathic adjuvant management of osteoarthritis by alkalinisation of the diet. Afr J Prim Health Care Fam Med. 2015 Apr 21;7(1):780.
⁶Vormann J, Worlitschek M, Goedecke T, Silver B. Supplementation with alkaline minerals reduces symptoms in patients with chronic low back pain. J Trace Elem Med Biol. 2001;15(2-3):179-83.
⁷Huang ZY, Stabler T, Pei FX, Kraus VB. Both systemic and local lipopolysaccharide (LPS) burden are associated with knee OA severity and inflammation. Osteoarthritis Cartilage. 2016 Oct;24(10):1769-1775.
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